L’ enluminure


Présente dans de nombreux manuscrits, les enluminures permettent aux chercheurs d'aujourd'hui de découvrir des détails leur permettant d'interpréter les faits du passé.

Parmi les ornements utilisés, dès le VIIe siècle, pour illustrer les manuscrits, on trouve les miniatures d'une part, et les enluminures d'autre part. Le premier vient du latin "miniare", qui signifie "enduit de minium", un oxyde de plomb utilisé autrefois pour tracer les lettres rouges constituant les "rubriques", composées d'initiales ou de titres.

 

Origine et présentation :

 

La miniature du Moyen Age concerne toute scène ou personnage qui ne correspond pas directement à la zone de l'initiale. Le second vient du latin "illuminare", qui signifie "illuminer". Cette appellation fait référence à l'utilisation de la dorure, forme principale d'enluminure médiévale. Toutefois, peu à peu, l'appellation va regrouper toutes les images et décorations figurant sur les documents. Les moines copistes utilisent des lignes verticales et horizontales pour tracer les mots, tandis que l'enlumineur utilise un espace vide, qui lui est réservé, pour ornementer le texte de scènes ou d'initiales. L'enluminure répond à trois fonctions : une fonction religieuse, une fonction visuelle, repère pour comprendre le contenu du livre sans savoir lire et une fonction sociale en indiquant la richesse du commanditaire.

 

Une activité monastique :

   

Les moines sont à la fois des gens instruits, capables de lire et d'écrire dans une société peu alphabétisée, et des artistes. C'est la raison pour laquelle la réalisation des manuscrits leur revient, dans un premier temps, en quasi-totalité. Le scriptorium est alors un lieu privilégié pour créer les supports nécessaires à la diffusion de la foi catholique dans la société. Les moines copistes ont pour rôle de recopier le plus d'exemplaires possibles des textes saints, mais également des chroniques et des annales... Si la plupart des moines se contentent de couvrir des pages de "caroline", d'autres sont passés maîtres dans l'art d'ornementer les textes. Peu à peu, les ateliers d'enluminures se multiplient, offrant des détails historiques, mythologiques, témoins colorés d'une époque passée.

L'évolution de l'enluminure :

 

Au départ simples motifs géométriques destinés à orner des textes un peu tristes, les enluminures vont se compliquer et assurer le succès de certains ateliers d'artistes. Lettrines, entrelacs et tableaux se multiplient, inspirés par de nombreuses sources, ils permettent d'élargir la réflexion en dépassant le simple contenu du texte. Mais comme tout ce qui a du succès, l'enluminure attire les convoitises, et dès le XIIIe siècle, de nombreux artistes laïcs font de l'enluminure un véritable commerce, notamment pour des nobles en quête de reconnaissance sociale. C'est le cas du fameux recueil enluminé Les Très Grandes Heures du duc de Berry, célèbre pour la grande précision et la quantité des images qui y figurent. Un livre entier coûte extrêmement cher et témoigne ainsi de la grandeur du gentilhomme ou de la dame qui a passé commande. Avec le XIVe siècle, l'artisanat de l'enluminure se détache complètement du monastère, et bientôt les artistes, souvent des grands voyageurs, se heurtent à la révolution de l'imprimerie et de la gravure.

Les couleurs de base :

 

Le blanc, de plomb ou de céruse, est très apprécié par les artistes de l'époque, pour leur pouvoir couvrant. Sa symbolique renvoie à la Vierge, à l'humilité et à la vertu, mais également au deuil jusqu'au XVIe siècle.

Le jaune (parfois appelé glauque) s'obtient à partir d'orpiment ou de safran. Il a une valeur très variée selon l'époque ou le lieu d'utilisation. Au Moyen Age, il est souvent associé à la trahison, à la folie ou au mensonge. Peu à peu il est réhabilité.

 

Le rouge est très coûteux à obtenir, à partir de cinabre, de minium, de garance, de cochenille, de bois du Brésil ou de kermès (petit insecte). Symbole honorifique, le rouge représente la joie, la violence, la colère... il est ambivalent.

 

Le vert est également dur à obtenir de manière stable, mais les terres vertes, la malachite (pierre semi précieuse hors de prix) ou le lis azurin (iris) permettent d'utiliser la teinte et sa symbolique ambiguë : jeunesse, fougue, versatilité, liée au diable, aux hérétiques ou aux fous. Peu à peu une interprétation plus positive s'installe, associant le vert à la naissance, la fertilité ou l'espoir.

 

Le bleu est compliqué à réaliser, mais certains pigments y parviennent tout de même comme le lapis-lazuli, l'azurite ou le bleu de Prusse. Cette teinte est d'abord associée à la Vierge, puis au pouvoir et à la royauté. Plus récemment elle symbolise la paix, la joie ou la loyauté.

 

Le noir est avant tout une teinte réservée à la justice et à l'église. Elle symbolise autant la mort que la résurrection ou la pénitence.

 

 

 

 

 

On appelle également enluminure toute forme d’écrit ornementé, et sans la présence de l'or posé sur le support. Telle l’illustration ci-contre.

Quelques liens utiles pour votre plaisir des yeux, mais aussi pour vos travaux de recherche et d'étude de calligraphies, d'ornements et d'enluminures :

 

http://www.manuscritsenlumines.fr/

 

Bodeliean Library ( Des images superbes du serveur de la bibliothèque d'Oxford )

 

Charles Edwin Puckett - Illuminated Manuscripts( grande réserve d'écrits enluminés)

 

http://art.thewalters.org/browse/category/manuscript-and-rare-books/

(Très bon site proposant en plus de manuscrits, des thèmes dont l'art, les armures, et pas qu'en occident!)

 

The Gutenberg Bible (Site très bien illustré sur la bible de Gutemberg - the British Library )

  

http://gallica.bnf.fr/Search?p=1&lang=FR&adva=1&adv=1&t_typedoc=manuscrits&reset=true

(Site de la BNF proposant la consultation de manuscrits et de livres anciens)

 

http://www.moleiro.com/fr/accueil.htm

 

 

http://www.motsprecieux.fr/?cat=1

(Maud Pellet Benazet, conférences, cours, enluminures)

 

 http://www.or-pigments.com/  

(S. Constantin. Site proposant également des articles et des liens)